1-Au regard de la grande espérance suscitée et la volonté de rupture affichée, nous ne pouvons que souhaiter la pleine réussite de ce régime. Un vœu d’autant plus sincère que nous voulons voir allégé et même disparaître le lourd fardeau qui écrase depuis si longtemps nos compatriotes. Donc nous ne le dirons jamais assez, nous souhaitons que ce régime mette le Sénégal sur les bons rails, de manière à ce que ses successeurs n’aient d’autre choix que poursuivre l’œuvre entamée et tant attendue par nos compatriotes. Par ailleurs, pour s’être autoproclamé panafricaniste et souverainiste, avoir formulé les très belles promesses qui l’ont porté au pouvoir, ce régime est une chance pour tout réel patriote. En effet, s’il parvenait à franchir le cap de la pensée unique et de la violence comme argumentaire et riposte, à guérir de son obsession à chercher des bouc-émissaires occidentaux et à confondre leurs supposés collaborateurs locaux, à cesser de jouer avec les bas instincts du peuple et transformer les jeunes en vulgaires objets de combat, pour enfin oser le débat, avec courage et surtout honnêteté, les cinq prochaines années seraient les plus exaltantes de la vie politique sénégalaise. Enfin des questions essentielles seraient traitées entre acteurs de même génération, tous convaincus d’être héritiers de Cheikh Anta Diop. Mais à la différence de ce régime, nous soulignons sans ambages notre attachement à l’héritage historique et culturel de notre bien cher pays. Étant entendu que ce régime nous a habitué à l’arrogance et la violence comme mode et sens du dialogue, nous ne serions pas surpris par ses esquives et fuites. Mais bien conscients du naufrage intellectuel qui l’a amené au pouvoir, nous ne lui laisserons pas le choix et trouverons les moyens nécessaires à l’instauration d’un débat profond et rigoureux.
Notre détermination face à ce régime procède d’une conviction profonde et qui nous habite depuis bien longtemps : le Sénégal doit connaître une Vraie Rupture de laquelle partira la libération totale du Continent.
2-Quelle analyse faites-vous sur la polémique qui entoure la déclaration de Politique Générale? 1
À la lecture de la lettre-réponse adressée à Guy-Marius Sagna par Ousmane Sonko, il y a lieu de se demander si ce dernier a pris la pleine mesure de son propos. En effet, en indiquant que le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale ne prend nullement en compte le Premier ministre, il remet en cause la légalité de sa position dans le gouvernement. Ce qui ne saurait surprendre eu égard à l’œuvre de l’opposant Sonko, qui pourrait se résumer à un rejet permanent des institutions, lois et règlements de notre pays. Donc, qu’il vienne contester sa propre position s’inscrit dans l’ordre normal d’une opposition consubstantielle à son être. L’homme s’oppose encore, mais à lui-même, et peut-être n’a-t-il pas tort. Ousmane Sonko ne saurait être valablement apprécié sur quelque question que ce soit sans une prise en compte de son pedigree d’opposant. Et pour l’ensemble de son œuvre, on pourrait dire qu’il ne manque pas de courage. Donc, naturellement, il ne devrait pas craindre de se présenter devant la représentation nationale. Faut-il rappeler que seul député de son parti, il fut un parfait trublion dans le parlement, tenant la dragée haute à la majorité de BBY ? Maintenant, il a la moitié des députés acquis à sa cause, il est le Premier ministre, il a été conforté par ses ouailles lors de son show au Grand Théâtre quant à sa popularité et il n’a pas d’opposition ainsi qu’il a été souligné par El Malick Ndiaye, alors un passage devant le Parlement devrait être une sinécure pour un tel homme, qui ne devrait pas avoir besoin des assurances d’un ancien garde des Sceaux. C’est le moment pour l’opposant de confirmer son courage en tant que gouvernant. Or, pour le moment, entre esquives et reculades, reniements profonds et trahisons flagrantes, il n’y a nul doute qu’il y’a eu confusion entre courage et désir plus qu’obsessionnel d’accès au pouvoir. Surtout, faut-il le rappeler, pendant une dizaine d’années, Ousmane Sonko, à force de promesses, toutes aussi mirobolantes qu’irréalistes, a « vendu » son fameux projet à des compatriotes subjugués. Convaincus que son accession au pouvoir transfigurerait leur quotidien du jour au lendemain, ils apprennent maintenant qu’il n’y a jamais eu de projet. Un responsable de Pastef, fidèle à la communication manipulative du parti, a même eu l’outrecuidance d’affirmer publiquement que le projet est bien ficelé et rangé dans les têtes de Sonko et Faye. Le comble de la manipulation gouvernementale et de la déception pour ceux qui avaient été séduits par son populisme débridé. Pour ces derniers, plus que pour ceux qui avaient appréhendé la profondeur de la supercherie, Ousmane Sonko n’a d’autre choix que d’énoncer les orientations du gouvernement. Il leur doit cette clarification, qui seule révèlera l’ampleur de la trahison, parce qu’il s’agit bien de cela au regard des grandes promesses déjà enterrées.
Rappelons-le, nombreux ont été nos compatriotes ayant porté au nues et soutenu contre vents et marées l’opposant Sonko. En retour et légitimement, ils attendent tant de lui et, pour le moment, c’est leur déception qui s’exprime, aussi bien pour la baisse insignifiante des prix des denrées de première nécessité, le traitement réservé aux marchands ambulants, les nominations sans appel à candidature, les remous dans les secteurs public (RTS, universités, hôpitaux, mairies…) et privé (presse, boulangers, meuniers, transporteurs…) Bref, ça secoue un peu partout et cela ne présage pas des lendemains rassurants.
Pour quelqu’un qui a annoncé à ses militants une rupture définitive d’avec la France pour ensuite partir en lune de miel avec celle-ci, leur a parlé pendant près d’une décennie d’un projet pour ensuite admettre son inexistence, leur a promis des solutions en deux mois de gouvernance pour ensuite avouer son incapacité à répondre à leurs attentes, nous ne pouvons pas imaginer qu’il ait pour eux, tout à coup, un beau jour de ciel bleu, quelque considération que ce soit. En revanche, pour les autres, qui n’ont d’autre boussole que le Sénégal et pas Ousmane Sonko, ce dernier doit se pré
senter devant les députés. Si tant est qu’il se souvienne des morts, handicapés et autres victimes de sa chevauchée mortifère vers les sommets du pouvoir, il devrait se dépêcher de faire sa DPG. C’est maintenant qu’il faut faire preuve de courage au lieu de créer les conditions de sa fuite en tançant les députés. En effet, en leur demandant de « s’amender », il a sciemment voulu atteindre les egos et ainsi créer un climat d’hostilité lui permettant de se soustraire à ses obligations devant la représentation nationale. Heureusement, le stratagème n’a pas fonctionné et l’écueil réglementaire sera bientôt levé.
Balayer le parlement au profit d’un collège de nous ne savons qui, des personnes assurément triées sur le volet et acquises à sa cause, cela illustre, au-delà de sa personne, l’incapacité de Pastef à s’inscrire dans un débat contradictoire policé.
En résumé, Ousmane Sonko a bien fini de convaincre de sa couardise politique et sa superficialité intellectuelle. C’est donc une mue totale qui nous surprendrait et réjouirait assurément l’ensemble de nos compatriotes.
3. Le déguerpissement, un sujet d’actualité, avec la visite du PM à Colobane, les marchands ambulants qui ne sont pas contents, que pensez-vous de ces décisions de l’État ?
Nous avons eu à le dire sur plusieurs plateaux et depuis plus d’une décennie : des gouvernements incapables de rendre aux piétons leurs trottoirs et aux automobilistes leurs chaussées, de nous débarrasser des animaux en divagation, il ne faut rien en attendre. Aussi, quiconque connaît un tant soit peu le discours de Sunu Naatangué Réew-La vraie Rupture sait combien nous sommes attachés à l’application rigoureuse des lois et règlements de notre pays. Donc nous souscrivons à toute action tendant à les faire respecter. Toutefois, nous appelons ce régime à l’honnêteté. Avait-il en effet annoncé la vague de désencombrements à laquelle nous assistons ? Le cas échéant, ils n’auraient pas été soutenu par les marchands ambulants et autres artisans. De plus, ce régime doit faire preuve de responsabilité en expliquant aux concernés ses ambitions pour eux. L’occasion d’en revenir au projet fantôme d’Ousmane Sonko. Quelles sont les mesures d’accompagnement ? S’il n’y en a pas, si la dynamique se limite à la stricte application de nos lois et règlements, qu’il le dise. Cela s’appelle le courage politique. Enfin, que ce régime se montre respectueux de nos compatriotes. Nous parlons de travailleurs déterminés et parfois acharnés, ayant quitté familles et terroirs, afin de préserver leur dignité. Ils sont bien plus méritants que tous ces gouvernements qui se sont illustrés par leur incapacité à leur créer les conditions d’accès à un emploi formel. Face à la défaillance permanente des élites, le petit peuple s’est montré vaillant et nous ne pouvons que déplorer les cafouillages et la cacophonie du gouvernement Sonko.
L’occupation illégale de l’espace renseigne sur l’enracinement de la corruption dans notre société. La complicité et la faillite des élus locaux et fonctionnaires territoriaux n’étant plus à démontrer, il s’agit de faire un constat simple : prédateurs et receleurs nous volent des milliards, le citoyen dit ordinaire occupe le trottoir et amène le mobilier urbain chez lui. Bref, même si les responsabilités et conséquences sont inégales, il y a une parfaite égalité d’esprit : chacun s’empare de ce qui est à sa portée. Donc l’urgence est de combattre cette mentalité, par la pédagogie chez les plus jeunes et la sanction des adultes, jusqu’à ce que les lois et les règlements du pays soient connus et respectés.
Pour finir, nous tenons à souligner que notre ferme attachement à l’application rigoureuse des lois et règlements n’altère en rien l’humanisme ayant présidé à la création de notre parti et, à cet égard, déclarons détenir les solutions à l’occupation illégale de l’espace et à l’intégration des marchands ambulants à un système formel. Mais avant de les énoncer, nous attendrons de connaître celles d’Ousmane Sonko. Donc pour un rapide retour de la science dans le débat politique et surtout une réelle prise en charge des urgences sociales, qu’il achève et publie son fameux projet ! Et qu’il le sache, si un certain Bassirou Diomaye Faye est capable de l’attendre avant de s’autoriser le droit de s’asseoir, pour les raisons que nul n’ignore, nos compatriotes qui ne tiennent pas leur citoyenneté de lui ne l’attendront pas pour se mettre en ordre de marche.
4- Souverainisme et Diaspora
Nous le pensions, Abbas Fall nous avait conforté en parlant de « nationalisme modéré » et nous en avons maintenant la confirmation grâce au renforcement annoncé par Ousmane Sonko de notre coopération avec la France : PASTEF n’a jamais été et ne sera jamais un parti souverainiste. Mais le parti n’en a pas pour autant perdu son âme, parce qu’il n’en a jamais eu et ignore encore ce que sont le nationalisme, le patriotisme et le souverainisme. Autrement, si ses leaders étaient habités par ce qu’ils déclaraient, ils ne se seraient pas aussi facilement et aussi rapidement défroqués devant cette France “dégagée” par Guy Marius Sagna et menacée d’une “rupture définitive” par Ousmane Sonko. Il s’agit-là d’une bien belle trahison, à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières, notamment aux yeux des populations de l’AES, avec le risque pour nous tous d’être assimilés à l’artisan de cette forfaiture. Mais nous le disons haut et fort, il n’y a d’autre traître qu’Ousmane Sonko, heureusement rattrapé par son populisme échevelé et sa superficialité éprouvée.
Nous qui avons le patriotisme en héritage et dans le sang, nous qui sommes des nationalistes et souverainistes assumés, nous qui ne nous sommes ni dédits ni reniés depuis notre arrivée dans l’espace public, en 2007, nous rappelons à Pastef une élémentarité, mais un marqueur fort du souverainisme, à savoir la réciprocité en matière de visa. Et tel que nous avons eu à le dire avant 2012, pour réitérer notre propos sous le magistère de Macky Sall, nous ne cesserons d’exiger de ce régime cette réciprocité et pour tout pays concerné. Du reste, pourquoi Pastef ne porte-t-il pas cette ambition à nos côtés ? Parce qu’il considère le Sénégal d’une dignité inférieure à celle de la France ou des USA ? En effet, pour des déracinés au patriotisme ancré au Burkina-Faso et n’ayant aucun modèle parmi nos résistants armés, notre pays n’en ai même pas un. Tout au plus le perçoivent-ils tel ce puits de pétrole qui continue d’aiguiser leur appétit. Qu’à cela ne tienne, nous continuerons d’exiger la réciprocité en matière de visa et ne doutons pas du soutien des réels patriotes de ce pays.
Et quid du tourisme ? En la matière, notre pays traîne de tels handicaps
Damel Maïssa Fall, Président du parti politique Sunu Naatangé Réew-la vraie rupture.