Dans une République fondée sur le principe de justice sociale, il est inconcevable que l’État se dérobe à ses engagements et laisse dans l’indigence ceux qui, par le sacrifice de leur vie professionnelle, ont contribué à l’essor intellectuel et scientifique de la nation. Aujourd’hui, les familles de nos collègues disparus sont abandonnées, privées du droit légitime à une pension de réversion qui leur revient de plein droit. Cette situation est indéfendable, inexcusable et témoigne d’une profonde indifférence des autorités à l’égard de la dignité des ayants droit des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés.
Un ministre indifférent aux revendications légitimes
Devant la presse ce mardi, la Coordination du Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) section UCAD est montée au créneau pour fustiger l’attitude de la tutelle. Selon la coordinatrice Fatou Seck Youm, « cela fait plusieurs mois que le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) ne cesse d’accumuler contradictions, faux-fuyants et manœuvres dilatoires pour esquiver ses responsabilités ».
« Comment justifier qu’un décret, pourtant adopté en Conseil des ministres le 28 février 2024, puisse disparaître “mystérieusement” dans les méandres de l’administration ? », s’interroge le SAES/UCAD. « Un aveu d’incompétence, fait publiquement par le MESRI lui-même, qui aurait dû conduire à une régularisation immédiate de la situation », considère le syndicat.
Dans son communiqué rendu public devant la presse, Fatou Seck Youm, au nom du SAES/UCAD, dénonce « un revirement brutal, injustifié et cynique qui ne peut être perçu que comme une volonté manifeste d’enterrer un droit légitime, d’ignorer les souffrances des familles des enseignants-chercheurs et chercheurs décédés, et de nier l’apport inestimable de ces derniers à la nation ».
Un combat de principe et de dignité
Que dire de ces familles aujourd’hui en détresse ? Que répondre aux veuves, veufs et orphelins qui, après avoir perdu un être cher, doivent désormais affronter une précarité imposée par l’inertie d’un ministère ? Ces familles ne réclament pas la charité. Elles demandent simplement que l’État oblige l’un de ses démembrements à appliquer une disposition consacrée par le Code des pensions civiles et militaires, estime le SAES/UCAD.
À l’instar des autres coordinations, le syndicat ne saurait rester silencieux face à cette injustice criante. « Nous refusons de voir le droit des ayants cause balayé d’un revers de main, comme si le sacrifice de nos collègues pouvait être effacé par un simple décret égaré ou une volonté politique fluctuante. Ce combat, nous le menons non seulement pour les familles touchées, mais pour l’ensemble du corps universitaire et pour tous ceux qui, demain, pourraient être victimes du même mépris institutionnel. Nous exigeons avec fermeté la mise à disposition du décret. »
Le SAES demande également l’application stricte du protocole d’accord du 6 janvier 2023, ainsi que le respect des engagements pris par l’État en matière de retraite des enseignants-chercheurs et chercheurs. « Le SAES ne cédera ni à l’intimidation ni à l’indifférence. Nous poursuivrons ce combat avec détermination, car il est porté par un impératif moral et une exigence de justice », clament Fatou Seck Youm et ses camarades.
Fatou Kiné Loum