Le champ pétrolier de Sangomar, situé au large des côtes sénégalaises, confirme son essor fulgurant. Selon le dernier bilan, tous les puits de ce site sont opérationnels depuis fin novembre 2024, permettant une pleine exploitation des capacités dans le cadre d’un programme visant à optimiser l’extraction.
En novembre, le site a produit 2,94 millions de barils de pétrole brut. Trois cargaisons, représentant un total de 2,89 millions de barils, ont été exportées et commercialisées sur les marchés internationaux. Sur l’ensemble de l’année 2024, la production devrait atteindre entre 15 et 16 millions de barils, dépassant largement l’objectif initial de 11,7 millions fixé pour cette première année d’exploitation.
Une performance qui dépasse les attentes
Ce résultat, soit près de 4 millions de barils supplémentaires par rapport aux prévisions, suscite un optimisme prudent. « Pour un gisement qui débute, c’est très encourageant », affirme Charles Thiemele, directeur Afrique chez BGN, une société spécialisée dans le trading pétrolier et gazier. Il souligne : « Historiquement, sur les bassins africains, la prudence a toujours été de mise pour garantir un démarrage sans accroc. Aujourd’hui, que ce soit au Sénégal avec Sangomar ou en Côte d’Ivoire avec Baleine, les objectifs sont atteints, voire dépassés. Cela témoigne d’une technologie mature et d’opérateurs compétents. »
À terme, le site vise une production de 100 000 barils par jour, soit le double du niveau actuel. Ce potentiel représente une opportunité majeure pour le Sénégal, qui détient actuellement 18 % des parts du projet. En 2025, les revenus issus du pétrole pourraient rapporter plus d’un demi-milliard de dollars à l’État, avec en prime une présence accrue de pétrole sénégalais sur le marché local grâce à la raffinerie de Mbao. « Dès le premier trimestre 2025, cette raffinerie devrait traiter une partie de ce pétrole en combinaison avec du brut nigérian, historiquement utilisé », ajoute Thiemele.
Retards et interrogations
Cependant, des retards persistent concernant le raffinage local. Le pétrole de Sangomar, lourd et riche en soufre, est actuellement destiné aux marchés asiatiques. Ces résultats spectaculaires soulèvent également des questions : les performances actuelles résultent-elles de mesures prises récemment, ou l’ancien régime a-t-il sous-estimé le potentiel de ce gisement ? Le débat reste ouvert sur les responsabilités et les choix stratégiques ayant conduit à cette réussite tardive.
Fatou Kiné Loum